L'hiver des Dako.

 




La chronique d'hiver des Dakotas

 


Les aigles en nombre attrapent l'hiver

L'homme creuse un trou et s'y enfouit,
puis tend la main lorsque l'aigle tombe.
Il l'attrape par les pattes -
cet homme est véritablement un aigle,
il réunit ainsi la tête et les serres de l'animal !

La femme se trouve à l'intérieur du bison Hiver

On dit qu'une vieille femme avait été dévorée
par un bison monstrueux ;
on dit qu'une vieille squaw transie s'était réchauffée à l'intérieur de la carcasse d'un bison ;
on dit qu'une femme à l'intérieur d'un bison signifie bien autre chose, de nature religieuse :
on dit enfin que toutes ces histoires ont été racontées à l'homme blanc et que, pour cette raison,
aucune n'est vraie !

Les bisons s'approchent tout près du tipi l'hiver

La lune est à son mi-temps ; des traces sur le chemin.
Ce ne sont pas des les empreintes d'un cheval.
Le bison rend visite à l'hiver.
Ils viennent nombreux à la porte du tipi.
Inutile de s'en inquiéter.

Tant de chevaux meurent dans la neige de l'hiver

Tant de chevaux meurent du manque d'herbe
car ils ne savent pas manger la neige,
ni se frayer un chemin dans cette infinie blancheur.
Ils sont abandonnés à l'hiver
comme s'ils n'avaient jamais eu de maîtres.

Petit cygne meurt sur la rivière Cherry en plein hiver

Le cygne vole vers le sud aux côtés de l'homme :
l'homme vole vers le sud aux côtés du cygne.



Dakotas



Méditation



Les Dakotas divisaient le temps en se référant à l'hiver, saison où ils avaient le loisir de mémoriser les événements de l'année : ils les peignaient sur des peaux avec des couleurs vives commençant en un point central à partir duquel se déroulait le fil du temps en une spirale qui rappelait la forme de la coquille d'escargot. Les chroniques d'hiver croissaient au fil du temps sans qu'une volonté systématique les alimente ; elles étaient une réalité, une représentation du temps dans son intégralité, non une construction artificielle d'événements juxtaposés. Leurs images se lisent de gauche à droite, représentant la course linéaire du temps. Ce qui les rapproche des idéogrammes chinois. Parce qu'elles renvoient à des images, elles manifestent l'essence de la vie dans sa nudité et sa pureté. Les transcrire avec des mots, c'est un peu les sous-titrer et mettre en évidence leur dessein originel.

Cette chronique-ci date de la période 1806-1867. Elle montre le lien étroit qui unit l'homme à la nature. Le guerrier qui s'appelle Petit Cygne est représenté les ailes déployées ; c'est ainsi lorsqu'on affronte la mort sur le champ de bataille ou qu'on vole dans le ciel. Le nom qu'on lui a donné est son pouvoir en cette vie-ci : dans la suivante, il le suivra, l'aidera à prendre son envol vers le monde des esprits. L'image du cygne est sans conteste un des thèmes favoris de la spiritualité tant en Occident qu'en Orient. Elle est caractéristique également des Indiens d'Amérique du Nord.

La femme qui a disparu - avalée par un bison géant - est un autre thème intéressant. Les Dakotas croyaient dans les géants, hommes et bêtes, en partie parce que des restes d'animaux immenses - dinosaures, mammouths et bisons - jonchaient les grandes plaines de leur terroir. Hommes et femmes trouvaient refuge en cas de détresse dans les corps chaudes des animaux fraîchement tués. Ces arguments son ceux de la logique. Si le cygne est superposé sur le dessin au guerrier dont il figure une partie de la tête, pourquoi bisons et humains ne pourraient-ils pas échanger leur identité et leur rôle ? Pourquoi les premiers ne pourraient -ils pas donner naissance aux seconds ? Pourquoi une femme ne pourrait-elle pas enfanter un petit bison et pourquoi un bison ne pourrait-il pas porter une petite femme dans ses entrailles ?


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